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Vers la fin des années 1960, la haute ville de Kinshasa, est soumise à un risque d’érosion ravinante important. En 2007, Kinshasa comptait 308 méga-ravins représentant 94,7 km de longueur cumulée dont l’évolution entre 1957 et 2010 a été exponentielle. D’où, il s’est avéré important de savoir : « Pourquoi le ravinement se développe-t’il en haute ville de Kinshasa et pas à la campagne autour? Quels en sont les dynamismes, causes et impacts? Comment le prévenir?» L’objectif poursuivi est de comprendre le processus de ruissellement afin d’aider à la prise des décisions dans l’aménagement de l’espace urbain à Kinshasa. La recherche s’est d’abord concentré à identifier l’origine du ruissellement sur les versants sableux, à pente convexe. L’hypothèse telle que le ravinement soit dû à un changement du régime pluvial a pu être écartée. En effet, aucun des 17 indices de pluie vérifiés ne présente une évolution statistiquement significative au point d’induire des changements dans le paysage de Kinshasa. Par contre, la relation causale entre l’urbanisation et le ravinement est d’abord montrée par la cartographie spatio-temporelle des ravins dans les zones urbanisées de 1957 à 2010. Il apparait clairement que les ravins se développent dans les cinq à dix ans qui suivent l’occupation des terrains dans ces zones dépourvues d’un système de drainage adéquat. Ensuite, on constate sur les images SPOT de 2006-2007 que le ruissellement est concentré dans un réseau d’origine anthropique ; soit 91% de têtes de méga-ravins sont liés à de telles infrastructures. Des 308 ravins, 43,8% sont qualifiés de méga-ravins axiaux et 51% de méga-ravins de débordement contre 5,2% qui n’ont aucune relation avec une quelconque infrastructure urbaine. Afin de trouver des moyens de lutte contre le ravinement, la recherche s’est orientée d’abord sur l’identification des affectations de sol, génératrices de débit de ruissellement critique. Se basant sur un ancien modèle de simulation mathématique de l’infiltration, et à l’aide d’un simulateur de pluies, il a été développé une nouvelle méthode de calcul du coefficient de ruissellement typique pour un site et pour une pluie donnée. Les calculs montrent que dans le régime pluvial actuel, les routes sont de très loin productrices de ruissellements plus importants. Mais l’écart du coefficient de ruissellement entre les routes et les autres affectations de sol diminue avec la croissance des précipitations en hauteur et en intensité. L’enquête menée parmi la population locale a fourni les données de 23 pluies actives de la période 1975-2010 qui ont servi au calcul des coefficients de ruissellement. Il s’avère que la pluie critique du ravinement est de 24,9 mm avec une intensité moyenne de 21,8 mm/h. Le seuil topographique de l’apparition de l’érosion ravinante est représentée par la relation entre la surface de drainage (A) en ha et la pente (S) en mm-1 qui est de S=0.00008A–1.459. Vu l’importance des routes dans la production du ruissellement, on a dû remplacer la relation critique (S-A) par une relation (S-Lc), où Lc est la longueur cumulée de route dans A. Cette relation a été appelée «contrôle routier ». Les contrôles topographique et routier permettent une réorganisation du ruissellement tel qu’il devienne non-érosif. La connaissance de la pluie critique permet l’introduction d’une alerte précoce partant des prévisions météorologiques.