2021-05-25 Follow up of the Nyiragongo eruption

Aucun retour à l'activité éruptive n'a été observé. Cependant, la sismicité reste très intense et ressentie par la population.
Plus de 130 séismes de magnitude 2 à 5 ont été enregistrés en 24 heures ainsi qu'un grand nombre de séismes de moindre importance. De nombreux rapports de dommages aux maisons et aux routes ainsi que de multiples fissures sont signalés par la population locale. L'essaim sismique s'est étendu jusqu'au lac Kivu. 
Les modèles préliminaires montrent que la déformation enregistrée par les stations du KivuGNet depuis le début de l'éruption (dernières données traitées le 24/05/2021) est compatible avec l'ouverture (~1m) et la migration d'une digue peu profonde (0-4km) du flanc sud du volcan Nyiragongo vers le sud sur environ 10km. Ces premières estimations sont susceptibles d'évoluer avec l'analyse de données supplémentaires. 
Une colonne de cendres a été observée au-dessus du volcan et des chutes de cendres ont été signalées en ville ce matin, mardi 25 mai.

Figure 1: Cet interférogramme a été calculé avec la MasTer Toolbox en utilisant deux paires de scènes Copernicus Sentinel-1 acquises à 6 jours d'intervalle, respectivement le 19 mai et le 25 mai à 04:20pm UTC. Chaque frange correspond à 3 cm de déplacement du sol dans la ligne de visée (LOS) du satellite. Les images ont été acquises le long de l'orbite ascendante numéro 174 avec un angle d'incidence moyen de 37 degrés.
Une estimation préliminaire montre que la déformation du sol sous la ville de Goma varie de plus de +40 cm à -30 cm en LOS. Ces valeurs sont probablement dépassées là où la densité des franges est trop élevée pour mesurer le déplacement. Ce phénomène et les nombreux séismes qui ont affecté la région sont responsables d'importants dommages aux infrastructures. Cette déformation du sol est causée par au moins un nouveau dyke peu profond (intrusion magmatique), dont les caractéristiques seront bientôt définies par modélisation. La modélisation de la source de ces déformations permettra d'évaluer l'évolution possible de la crise.
L'intrusion magmatique est accompagnée d'une sismicité intense qui se poursuit depuis le début de l'éruption le 22 mai et qui a migré vers le sud depuis lors.

Ci-dessous : même interférogramme sans l'image de fond en amplitude et sans atténuation de la couleur par cohérence.

Figure 2: A gauche : Définition des zones pour le comptage des événements sismiques. Les zones autour des volcans Nyamulagira et Nyiragongo sont indiquées par des cercles jaunes et rouges, respectivement, et la zone magenta comprend le lac Kivu et la ville de Goma. A droite : Comptage automatique quotidien des séismes de courte période (SP) et hybrides dans les trois zones marquées sur la carte au cours des 101 derniers jours (à partir du 13 février). Chaque barre représente un comptage quotidien. En dehors d'un essaim les 20-21 avril 2021 à Nyamulagira composé principalement d'événements de longue période (LP) (donc avec très peu de séismes qui pourraient être qualifiés d'hybrides), aucune activité sismique anormale hybride ou de courte période n'a eu lieu avant le début de l'éruption du Nyiragongo le 22 mai 2021 vers 16:15 UTC.

Figure 3: a) Zones de comptage des événements sismiques et séismes localisés automatiquement les 23, 24 et 25 mai 2021 (dernière mise à jour le 25 mai à 13:17 UTC) ; b) Une autre représentation de la carte de localisation automatique des séismes les 23, 24 et 25 mai (dernière mise à jour le 25 mai à 13:17 UTC) où l'échelle de couleur correspond à l'heure d'origine de chaque événement. La progression de la sismicité depuis la première fissure éruptive au pied du Nyiragongo jusqu'au sud de Goma (RDC) / Gisenyi (Rwanda) est clairement visible.

Figure 4: Comptage horaire automatique des séismes de courte période (SP) et hybrides dans les trois zones marquées sur la carte au cours des 3 derniers jours (à partir de minuit le 22 mai ; dernière mise à jour le 25 mai à 13:24 UTC), dont les emplacements sont indiqués sur la figure 3 a) et b). Chaque barre représente un comptage horaire.

Figure 5: Mesures de l'amplitude des séismes et des infrasons (acoustiques) depuis le 21 mai 2021 (fenêtres de 10 minutes + moyenne mobile, filtrée entre 2-10 Hz) à la station de Kibati, à environ 6 km du sommet du Nyiragongo sur son flanc oriental.

Figure 6: a) Carte montrant les déplacements horizontaux enregistrés par les stations GNSS du réseau KivuGNet. Traitement époque par époque, 1 point toutes les 5 minutes entre le 21-05-2021 00:00 et le 23-05-2021 23:55. Les contours noirs marquent les champs de lave historiques de Nyiragongo et Nyamulagira. b) Série temporelle des déplacements est-ouest, nord-sud et verticaux pour les 6 stations montrées sur la carte ci-dessus. Traitement des données par H. Geirsson (univ. Iceland).