2021-06-01 Suivi de l'éruption du Nyiragongo

Bien qu’il y ait toujours des tremblements de terre enregistrés, leur énergie est globalement plus faible. On observe cependant une activité de tremblements de terre, pour la plupart non ressentis, qui se manifeste vers le Sud, sous le lac Kivu. Le réseau GPS indique toujours une diminution des vitesses de déplacement mesurées aux stations. L'impossibilité physique d'installer des stations sismiques ou GPS dans le lac ne permet pas de détecter précisément une éventuelle remontée du magma sous le lac.
Cette diminution d'énergie relâchée par les tremblements de terre, ainsi que dans les vitesses GPS, ne peut pas encore être interprétée comme indiquant la cessation de l’activité volcanique. Lors des phases d’activité volcanique, des périodes de plus forte activité alternent souvent avec des phases de plus faible activité.
Les images satellitaires permettent de mesurer les déformations du sol : les dernières données enregistrées 45 minutes avant l’éruption du 22 mai ne montrent aucune déformation, ce qui confirme l’absence de signes précurseurs de cette éruption.
Par ailleurs, de nouvelles données satellitaires enregistrées entre le 25 et le 31 mai soulignent l’absence de déformations sur les flancs du Nyiragongo et indiquent que le sol continue de se déformer au sud de la ville de Goma, avec cependant une amplitude moins importante qu’au début de l’éruption. Ces déformations peuvent encore créer ou étendre des fractures existantes du sol.
De nouveaux éboulements dans le cratère peuvent provoquer des retombées de cendres dans les régions avoisinantes.
La possibilité d’une éruption à terre ou sous le lac ne peut toujours pas être exclue pour le moment, d’autant que certaines éruptions peuvent advenir avec peu de précurseurs.

 

Fig1 sismo

Figure 1: à gauche) Carte de localisation des stations sismiques, à droite) Enregistrements sismiques représentés sous la forme d'image temps-fréquence appelée Densité Spectrale de Puissance (l'amplitude de chaque composante fréquentielle constituant le signal sismique est indiquée par l'échelle de couleur, les plus fortes amplitudes en rouge, l'unité est log10[m^(2).s^(-2)/Hz]). Les trois stations ici représentés sont NYI (sommet du Nyiragongo), KBTI (Kibati, proche des fissures éruptives) et IDJ (sur l'île d'Idjwi au centre du lac Kivu). La forte activité sismique synchrone avec le début de l'éruption est indiqué en ligne pointillée (22 mai 2021, 16:15 UTC).

 

Fig2 Sismo

Figure 2: à gauche) Zones de comptage des événements sismiques et à droite) comptage horaire automatique de tous les séismes situés dans les trois zones marquées sur la carte au cours des 3 derniers jours (à partir de minuit le 29 mai ; dernière mise à jour le 31 mai à 21:09 UTC). Chaque barre correspond à un comptage horaire.

 

 

Map GNSS

Figure 3: Carte montrant les déplacements horizontaux enregistrés par les stations GNSS du réseau KivuGNet. Traitement époque par époque, 1 point toutes les 5 minutes entre le 28-05-2021 00:00 et le 31-05-2021 23:55. Les contours noirs marquent les champs de lave historiques de Nyiragongo et Nyamulagira. Traitement des données par H. Geirsson (univ. Islande).

 

 

TS GNSS

Figure 4: Séries temporelles des déplacements est-ouest, nord-sud et verticaux entre le 28-05-2021 00:00 et le 31-05-2021 23:55 pour les 6 stations indiquées sur la carte ci-dessus. Traitement des données par H. Geirsson (univ. Iceland).

 

 

interfero 2

Figure 5: Cet interférogramme a été calculé avec la MasTer Toolbox en utilisant deux scènes Copernicus Sentinel-1 acquises à 6 jours d'intervalle, respectivement le 25 mai et le 31 mai. Chaque frange correspond à 3 cm de déplacement du sol dans la ligne de visée (LOS) du satellite. Les images ont été acquises le long de l'orbite ascendante numéro 174 avec un angle d'incidence à l'inclinaison médiane de 37 degrés. Cette image montre que la déformation du sol a progressé vers le sud par rapport à la dernière acquisition du satellite le 27 mai. La modélisation de la source de ces déformations permettra d'évaluer l'évolution possible de la crise. La progression de l'intrusion magmatique reste accompagnée par de la sismicité.

 

 

Interfero 1

Figure 6: Cet interférogramme a été calculé avec la MasTer Toolbox en utilisant deux scènes CosmoSkyMed acquises à 24h jours d'intervalle, respectivement le 21 mai et le 22 mai à 03:37pm UTC. Chaque frange correspond à 1,5 cm de déplacement du sol dans la ligne de visée (LOS) du satellite. Les images ont été acquises le long de l'orbite descendante avec un angle d'incidence à l'inclinaison médiane de 26 degrés. Cette image montre que 45 min avant l'éruption, aucun déformation de l'edifice n'est mesurée. Les images CSK sont fournies par GEO-GSNL, Virunga Supersite, et ASI. Les coulées formées par l'eruption du 22/05/21 ont été superposées sur l'interferogramme afin de fournir un repère géographique.